Performance
La course à pied renforce les disques lombaires
par Uperform
En tant que spécialistes du mouvement nous savons que les tissus s’adaptent en fonction des contraintes auxquelles ils sont soumis. Ce concept est primordial car il sous-tend la nécessité d’une gestion optimale de la charge lors des exercices et des différentes activités (cfr post précédent). Bien que ce processus d’adaptation tissulaire ait été étudié pour les os, les muscles, les tendons et les articulations (1), peu d’informations scientifiques sont disponibles concernant les disques intervertébraux.
Probablement que ce manque d’information associé à la prévalence importante des lombalgies (= douleur dans le bas du dos) sont responsables de certaines croyances populaires comme « la course à pied abîme les disques intervertébraux ».
Le rationnel derrière cette idée se base sur un point de vue mécanique du disque intervertébral : le disque subi des contraintes en compression, les activités menant à une augmentation de ces contraintes en compression vont entraîner une usure plus rapide de ce disque ». Bien que cette pensée puisse paraître logique pour certains, elle ne prend pas en compte une des capacités biologiques les plus extraordinaires : l’adaptation.
Dans le but d’améliorer notre compréhension sur le sujet, des chercheurs ont fait passer des IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) à 79 personnes âgées de 25 à 35 ans et les ont divisées en sous-groupes selon leur niveau d’activité : sédentaires, coureurs récréatifs (20-40km/semaine) ou coureurs aguerris (50Km+/semaine). Cette étude met en évidence chez les coureurs des disques intervertébraux mieux hydratés et de meilleure qualité (contenu plus important en glycosaminoglycans) par rapport aux non-coureurs. Pour aller plus loin, ils ont observé des disques plus épais chez les coureurs aguerris (2).
Pour la première fois, une étude réalisée chez l’homme montre une adaptation positive des disques intervertébraux suite à des contraintes répétées en compression (pratique de la course à pied). Ces résultats vont à l’encontre des croyances mécanistes populaires et soutiennent la philosophie selon laquelle notre corps n’est pas une machine mais plutôt un écosystème (= entité biologique) capable d’adaptations.
Bien que cette étude amène des informations nouvelles, il est important de prendre du recul sur le sujet. En effet, il nous reste beaucoup à apprendre concernant le comportement des disques intervertébraux face aux contraintes mécaniques. De plus, il peut être déconseillé de courir en présence de certaines pathologies spécifiques ou de douleurs intenses, demandez conseil à votre médecin ou votre kinésithérapeute afin d’être conseillé sur le sujet. Ensuite, bien que la course à pied montre des effets bénéfiques sur les disques intervertébraux, il est fondamental d’être progressif dans ses entraînements. Enfin et surtout, il est important de reconnaître que de nombreux facteurs sont associés aux lombalgies et que l’imagerie médicale n’est qu’une pièce du puzzle (3–6).
Références
- Khan KM, Scott A. Mechanotherapy: how physical therapists’ prescription of exercise promotes tissue repair. Br J Sports Med. 2009 Apr 1;43(4):247–52.
- Running exercise strengthens the intervertebral disc | Scientific Reports [Internet]. [cited 2020 Feb 13]. Available from: https://www.nature.com/articles/srep45975
- Hartvigsen J, Hancock MJ, Kongsted A, Louw Q, Ferreira ML, Genevay S, et al. What low back pain is and why we need to pay attention. Lancet Lond Engl. 2018 09;391(10137):2356–67.
- Malfliet A, Ickmans K, Huysmans E, Coppieters I, Willaert W, Bogaert WV, et al. Best Evidence Rehabilitation for Chronic Pain Part 3: Low Back Pain. J Clin Med. 2019 Jul 19;8(7).
- O’Sullivan PB, Caneiro JP, O’Keeffe M, Smith A, Dankaerts W, Fersum K, et al. Cognitive Functional Therapy: An Integrated Behavioral Approach for the Targeted Management of Disabling Low Back Pain. Phys Ther. 2018 May;98(5):408–23.
- Tousignant-Laflamme Y, Martel MO, Joshi AB, Cook CE. Rehabilitation management of low back pain – it’s time to pull it all together! J Pain Res. 2017;10:2373–85.