Vivre en bonne santé
Tout savoir sur la Lombalgie Commune
par Romain Lambert
La lombalgie commune (les scientifiques appellent également cela lombalgie aspécifique) représente 85% des lombalgies que l’on peut rencontrer (d’où le terme « commun »).
- Qu’est-ce qu’une lombalgie commune?
Lombalgie signifie littéralement « douleur dans le bas du dos. « Lombaire » désignant la partie basse du dos (les anglophones appellent cela Low Back Pain) et « Algos » venant du grec et désignant la douleur. Certains l’appellent également Lumbago qui est un terme courant pour désigner une lombalgie aiguë. La région de la douleur peut s’étendre sur toute la surface du bas du dos, dans la fesse et peut également aller jusqu’au-dessus du genou sans qu’une racine nerveuse ne soit nécessairement impliquée.
La lombalgie commune (les scientifiques appellent également cela lombalgie aspécifique) représente 85% des lombalgies que l’on peut rencontrer (d’où le terme « commun »). Elle se caractérise par son absence de gravité et de lien direct avec une quelconque structure corporelle qui serait endommagée/blessée (d’où le terme aspécifique). Cependant cela ne veut pas dire que la douleur ressentie où les gènes occasionnés sont minimes ! C’est une situation qui peut se montrer très handicapante pour le quotidien.
- Pourquoi et comment ai-je attrapé cela ?
Dans les croyances populaires et les idées reçues, les réponses à ces questions seraient probablement « parce que tu n’avais pas gardé le dos bien droit » ou encore « à cause d’un faux mouvement ». Cela n’est pas tout à fait exact.
La population la plus touchée par les douleurs de dos est les personnes actives professionnellement dont le travail est sédentaire. Les muscles et les articulations de notre corps humain restent en bonne santé grâce, notamment, au mouvement. Il n’existe pas de posture parfaite ni de mauvaise posture. On dit à présent « La meilleure posture sera la prochaine que vous prendrez ». On remarque également que la différence entre une personne lombalgique et une personne asymptomatique (ne présentant aucun symptômes) n’est pas le type de posture qu’elle adopte mais la fréquence de changement de posture/ la fréquence de mouvement. En résumé, s’efforcer de garder le dos droit tout le temps n’est pas une bonne idée et quand une posture est maintenue trop longtemps – peu importe laquelle – des gènes peuvent se faire ressentir.
A contrario, une lombalgie peut également survenir lors d’efforts physiques inhabituels. Le fameux « faux mouvement ». En réalité il n’existe pas réellement de « faux mouvement » ou de mouvement absolument interdit. Le secret est dans le dosage. Si on réalise de manière trop répétée un mouvement dont on n’a pas l’habitude (appelé « new use ») ou un mouvement connu mais de manière beaucoup plus intense (appelé « overuse »), nous dépassons les limites de nos capacités physiques et le corps n’apprécie pas cela. Il nous le fait remarquer en produisant de la douleur.
En résumé, il s’agit de trouver le bon équilibre entre suffisamment bouger et ne pas en faire trop.
- D’où provient cette douleur ?
A nouveau, dans les croyances populaires, il est souvent accepté que les principales causes de douleur soient l’arthrose et les hernies discales.
Ces croyances sont à nouveau erronées. Elles sont le reflet de là où s’était arrêtée la recherche scientifique sur les douleurs de dos dans les années 60-70. En 50ans, la recherche a énormément avancée et notre compréhension des douleurs de dos est désormais tout à fait différente.
La douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable et complexe. Je dis bien complexe car elle est tributaire de nombreux facteurs mais elle n’est pas compliquée pour autant. Imaginons un instant que notre corps et notre esprit forment un récipient. Un verre. La capacité (taille-diamètre) de ce verre est directement proportionnelle à notre résilience interne, nos ressources (si on a bien dormi, si notre alimentation a été équilibrée ces derniers temps, si on pratique une activité physique régulière etc). Imaginons ensuite qu’on remplisse ce verre : les aléas du quotidien faisant office de liquide (stress au travail, à domicile, anxiété, isolement social, effort physique inhabituel, colère, manque de soutien). Si la place prise par ces aléas excède notre capacité à y faire face et alors le verre déborde et l’excédent correspond à de la douleur.
En résumé, la douleur est l’accumulation de plusieurs facteurs qui dépassent, à un moment donné, notre capacité à y faire face. Ces facteurs peuvent être physiques (accident, contrainte excessive, effort inhabituel) mais également psychologiques (stress, anxiété, peur) et sociaux (isolement, manque de soutien). Ce modèle de compréhension de la douleur est appelé modèle bio-psycho-social.
- Est ce grave? Dois-je aller voir un chirurgien?
Le recours aux imageries médicales (radiographie, scanner, IRM, échographie) ainsi qu’à la chirurgie en premier recours est fortement déconseillé dans les lombalgies communes (pour rappel : 80% des lombalgies). Les observations les plus fréquemment rencontrées dans les résultats d’imageries médicales, comme l’arthrose et les protrusions discales, sont dans la grande majorité des cas tout à fait anodines et sans lien avec la douleur actuelle.
Le risque, le danger lorsqu’on introduit ces méthodes précocement est de développer une chronicisation de la douleur. La plupart des personnes atteintes de douleur chronique ont connu le parcours stéréotypé suivant : « Au début tout partait d’une petite douleur au dos alors que je m’étais penché brusquement en avant. J’ai passé des examens médicaux et on m’a dit que j’avais le dos sacrément abîmé, que ma radio était celle de quelqu’un de 80ans et que je risquais de finir en chaise roulante. J’ai donc subit une opération mais je ne me suis pas senti mieux après, pire même. Maintenant je n’ose même plus faire de sport, ni même sortir avec mes amis. Je suis constamment sur mes gardes. Ma vie est foutue, mon corps est cassé ». Le recours précoce à la chirurgie basé uniquement sur les observations d’examens médicaux est à risque d’entraîner le « Failed Back Surgery Syndrome (FBSS)».
Le recours à la chirurgie est par contre indiqué dans les autres cas de lombalgies (20% restants) s’il y a une perte de force, perte de réflexe et/ou perte de sensibilité.
- Quelles sont les solutions?
Il n’y a pas de recette miracle. Chaque personne est différente. Si on se réfère au point 3) « d’où provient cette douleur », on comprend qu’il faut aborder les différents facteurs qui contribuent à la douleur présente. Le repos total n’est pas une bonne idée car peut prolonger la période douloureuse. Le mouvement est le plus puissant des antis-douleurs. Il convient de d’éviter/remplacer temporairement les activités/positions trop douloureuses par d’autres types de mouvement. Si la situation ne s’améliore pas où si vous vous sentez démuni par rapport à celle-ci, cherchez de l’aide et prenez contact avec votre kinésithérapeute.
- Comment se déroule une rééducation?
Les séances commencent par une anamnèse, où le kinésithérapeute écoute attentivement le patient et oriente l’entretien avec des questions spécifiques. Il s’agit véritablement d’une alliance thérapeutique où le patient et le kinésithérapeute cherchent à identifier les différents contributeurs du problème ensemble afin d’établir les objectifs thérapeutiques. Pour rappel (point 3) les contributeurs peuvent être de type physiques, sociaux (l’objectif étant la reprise/réintégration des activités du quotidien et l’amélioration de la qualité de vie) et psychologiques. ! Attention sur ce dernier point ! Le but n’est pas de jouer à l’apprenti psychologue. Il s’agit de déceler les attitudes/comportements inappropriés, parfois inconsciemment mis en place, qui pourraient contribuer à la persistance de votre douleur.
Pour cela les principaux outils du kinésithérapeute sont :
- Les techniques du communication/explication : elles ont pour but d’apporter de la clarté et des réponses aux questions du patient. Quand on comprend son problème, il est déjà en parti résolu.
- Les techniques manuelles : elles ont pour but de diminuer l’intensité de vos douleurs et améliorer votre aisance à réaliser des mouvements. Elles peuvent constituer une excellente introduction à des exercices physiques qui n’auraient pas été possible sans elles.
- Les exercices physiques : En plus d’être thérapeutiques, ils sont également préventifs et vont permettre d’améliorer votre résilience, ressources internes.
- Vais-je un jour ne plus avoir mal au dos?
Oui, plus que probablement. Il faut savoir que les facteurs qui présentent le plus de corrélation avec une longue durée de symptôme sont les suivants : Lifestyle (mauvais sommeil, mauvaise alimentation, tabac, alcool, sédentarité) ainsi que dépression, hypervigilance, catastrophisme et peur du mouvement (appelée kinésiophobie – non non ça ne veut pas dire la peur du kiné).
- Que puis-je faire pour accélérer le processus?
Se montrer optimiste et pleinement acteur de son traitement ! La relation soignant-soigné n’est pas une relation actif-passif. C’est bel et bien vous qui détenez les clés de votre guérison. Nous vous aidons à les trouver et vous en servir.